Tract
distribué une nuit d'occupation à l'université Paris VIII
OUI
LE MOUVEMENT ETUDIANT EST POLITIQUE
Le 10 novembre 2007,
la ministre de l'Enseignement et de la Recherche, Valérie Pécresse
a accusé (le terme est repris des médias) le mouvement étudiant
d'être « politique ».
A ces propos, le 14 novembre 2007, le mouvement étudiant répond :
Oui madame la ministre,
et cela ne vous a pas échappé, nous menons une lutte politique.
De
cela nous ne rougissons pas mais nous sommes fiers. En prononçant
ces mots - « Le mouvement étudiant est politique » - vous avez
tenté de manipuler l'opinion publique en lui faisant croire que le
mouvement étudiant était sous l'influence de syndicalistes, de
groupuscules d'extrême gauche et autres machiavéliques têtes
pensantes. En tenant ce discours vous continuez de propager au sein
du peuple qui vous écoute l'idée que l'étudiant est un être
faible d'esprit, facilement influençable puisque « encore jeune »,
une sorte d'adolescent attardé en somme, à qui il serait temps de
montrer une saine
direction que VOUS connaissez sans doute.
En prononçant ces mots «
Oui le mouvement étudiant est politique », nous entendons tout
autre chose : La politique est tout ce qui concerne la vie de la
cité. En ce sens, premier, étymologique, essentiel, notre vie en ce
monde est politique. Ce n'est que par une perversion de la langue et
du système que « la politique » est devenue le domaine réservé
des seuls hommes politiques. Ils organisent, nous subissons. Ils
pensent, parlent, nous subissons, nous écoutons, forcés, nous
n'avons pas le droit de réponse, excepté une fois tous les 5 ans
par le biais d'élections, présidentielles, législatives,
municipales, mais alors il faut voir ce que les partis nous proposent
comme programmes dans ces élections - nous, étudiants, n'appelons
pas cela un choix, mais l'illusion d'un choix.
Ce qu'est
devenue la politique, dans nos sociétés occidentales, pseudos
démocratiques, capitalistes, n'est que l'organisation du pouvoir par
quelques uns, et l'obligation faite aux masses de se plier à ce
pouvoir. Ce que nous, étudiants, appelons politique est simplement
le droit et le pouvoir pour n'importe quel individu de décider de sa
vie en ce monde. Pour que ce droit ne soit pas que théorique - (les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit, tu parles !)
- pour qu'il soit également un pouvoir, il est nécessaire que
n'importe quel individu puisse influer sur ce monde, c'est-à-dire le
transformer par ses paroles et ses actes. Notre parole, notre refus
de vos lois, notre refus en acte de la société que Mr Sarkozy et
ses amis les grands patrons prétendent nous imposer, ce refus est
politique.
Nous, étudiants, ne vous laisserons pas briser
nos vies en faisant de l'université une annexe de l'ANPE, un lieu de
formation à des métiers que nous ne prétendons pas exercer, une
nouvelle machine à faire de bons travailleurs et de bons chômeurs.
Nous éprouvons le besoin vital d'avoir du temps pour penser et pour
comprendre. Pas pour produire.
Nous sommes différents de ce que vous voulez que nous soyons. Nous ne sommes pas des machines à passer des examens mais des êtres humains, aux aspirations multiples et inconnues de vous. Vous nous offrez de l'argent pour stopper le mouvement (11 millions d'euros déplacés au logement étudiant), nous crachons sur votre argent.
Au sein de la population certains ne sont pas d'accord avec nous et ils continueront de nous traiter d'anti démocrates, de totalitaires et autres terroristes, avec l'appui de la classe dirigeante et des médias, nous n'en n'avons cure. Nous non plus, nous ne sommes pas d'accord avec eux. Nous ne sommes pas d'accord avec les 53% qui ont voté Sarko et nous l'assumons. Nous ferons tout pour que ce gouvernement cesse sa traque aux sans papiers, pour que soient abolies ses lois racistes, pour que n'advienne pas la destruction progressive des acquis sociaux et la mise au pas de ceux qui ne veulent pas vivre en un monde où dominent les valeurs de réussite individuelle et d'argent roi, où le bonheur s'énonce en un slogan « Travailler plus pour gagner plus ». « Travailler plus pour gagner plus » n'est pas notre slogan. Nous voulons une vie meilleure. Nous savons que cela est possible. Ceux qui n'aspirent qu'au plus de fric l'ont oublié.
Oui le mouvement étudiant est politique, non parce qu'il est manipulé par ce qui resterait du dernier bastion de l'Armée Rouge, mais parce que nous savons que TOUT EST POLITIQUE, que chaque enfant, chaque femme, chaque homme a droit à la politique, c'est-à-dire à savoir que son existence en ce monde est déterminée par les structures sociales, étatiques, économiques dans lesquels il se trouve pris et qu'il est fondamental que cet enfant, cette femme, cet homme ai le droit et le pouvoir d'interroger ces structures et de les changer si il les juge mauvaises.
Parce qu'il n'y a pas « la vraie vie » d'une part et la politique de l'autre - qui se résumerait à l'écran de télé sur lesquels on voit vos têtes Sarkozy, Valérie, vos têtes qui gesticulent et vos paroles qui puent « L'essence est trop chère, qu'ils prennent le vélo ! » a dit la ministre des transports en écho à Marie Antoinette qui disait, en des temps monarchiques et anciens, « Ils n'ont pas de pain ? Qu'ils mangent de la brioche ! » - des temps pas si anciens que ça il faut croire.
Le mouvement étudiant
est politique parce que toutes les « catégories sociales » dans
lesquels vous nous enfermez - étudiants, salariés, salariés du
privé salarié du public, chômeurs, sans papiers, prostitués -
n'existent pas. N'existe pas d'entité pure telle qu'étudiant,
salarié, sans papier, prostitué, j'en veux pour preuve qu'une seule
et même personne peut appartenir aux 4 catégories précédemment
cités. Ce n'est que dans le but de nous séparer les un des autres
et par là de nous empêcher de nous révolter, ce n'est que pour
tuer nos luttes dans l'oeuf que vous continuez de vous appuyer sur
ces
catégories dans vos discours, dans vos lois, dans votre
organisation.
Diviser pour mieux régner est une formule efficace. Nous pensons qu'elle a fait son temps. Nous balaierons ces catégories en nous réunissant, chômeurs, étrangers, étudiants, cheminots, sans papiers, et nous FERONS TOUT EXPLOSER. Cela, encore, sera politique.