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POUR UNE LUTTE GLOBALE ,
POUR LA REAPPROPRIATION DE NOS VIES





Le mouvement anti-CPE /CPN qui se développe en ce moment, particulièrement dans les facs (vingt-trois universités en grève sur l’ensemble de la France, dont quinze avec blocage, depuis une, deux ou trois semaines pour certaines) est tout à fait réjouissant. Il montre que subsiste chez beaucoup une capacité de révolte qui ne réclame qu’un peu de solidarité et d’organisation collective pour s’exprimer.

Malgré cette effervescence incontestable –que je constate en tous cas dans ma fac, la Sorbonne Nouvelle, Paris III- je trouve regrettable et significatif que les luttes se focalisent exclusivement sur cette réforme, sans chercher à développer une critique globale de la société et des inégalités sociales qui la fondent.
On dénonce le CPE mais on ne dénonce pas le système capitaliste qui fonctionne par essence sur l’exploitation de l’homme par l’homme, et qui est inhérent à nos « démocraties » -qu’elles soient de droite ou de gauche. On se bat pour des conditions de travail moins difficiles, mais peu de gens soulignent le fait que tout travail salarié s’apparente à une prostitution.
On dénonce la manière dont ces nouvelles lois sont imposées, mais peu admettent que le système tout entier est construit sur l’autorité de quelques uns qui décident à la place de la majorité, nos démocraties fonctionnant en réalité comme des oligarchies.

En AG dans ma fac, j’ai eu la tristesse d’entendre un intervenant affirmer que « c’est bien de lutter maintenant, mais il faudra surtout être là pour les élections de 2007 et ne pas voter à droite » , et être applaudi. Les gens qui réagissent ainsi n’ont à mon avis pas compris que l’insécurité la plus essentielle réside dans le fait de déléguer son pouvoir et ses capacités d’action à des professionnels de la politique, quelle que soit leur tendance.

Pour être constructifs, je pense qu’il est nécessaire de replacer ces mesures dans la logique politique et économique qui les motivent, et qui n’est pas uniquement liée au « méchant gouvernement de droite » mais fondamentalement au fonctionnement des démocraties parlementaires : au fait d’élire des chefs et de travailler pour des patrons, deux réalités que ne supprimerait aucun gouvernement de gauche.

Pour moi, seule l’organisation libre des individus en vue de défendre leurs intérêts contre ceux de l’Etat et du capitalisme peut nous permettre de préserver notre dignité en refusant de demeurer des citoyens, passifs et manipulables.